Merci d’avoir accepté de répondre à notre Interview.
(après + 20 interviews : les lecteurs sont friands d’entrer dans l’intimité de l’auteur et de sa vie privée)
Je m’appelle Clarence, j’ai 42 ans et je vis en Belgique avec mon mari, mes 4 enfants et un labrador. Je passe énormément de temps en Savoie, en famille, car nous y avons un pied-à-terre. Je pratique donc plusieurs semaines de ski par an. Je suis aussi une grande amatrice de course à pied et je suis finisher de 6 marathons. Sinon, je suis historienne de l’art et anthropologue et j’enseigne ces deux matières en école supérieure. Bref, je vis à du 100 à l’heure et je suis constamment en activité.
Que sans eux, les auteurs ne sont rien ! C’est un réel plaisir pour moi de pouvoir partager ma passion avec eux.
J’ai commencé à écrire un peu par hasard, suite à un « chiche » lancé par une amie qui avait repéré un concours d’écriture en vue d’une édition. Les lecteurs devaient voter pour les chapitres que les auteurs postaient sur une plateforme en ligne. Après deux chapitres, j’étais première des votes du public. Cela m’a encouragée à poursuivre l’écriture.
Cela représente d’abord un moment privilégié, rien qu’à moi. J’ai besoin de me retrouver quelques heures par jour dans ma bulle. Et puis, j’ai un profil très créatif et j’ai besoin de créer tout le temps. Inventer des histoires me convient donc à merveille. Enfin, j’aime les contacts sociaux et j’aime transmettre, d’où mon métier d’enseignante. Le travail d’écriture et plus particulièrement la publication me permet d’échanger énormément avec mes lecteurs et de faire des rencontres formidables.
Oui, je suis professeur. J’enseigne exclusivement à des classes adultes et en école supérieure. Mes cours, à vocation culturelle, me permettent d’apprendre sans cesse de nouvelles choses et sont une excellente source d’inspiration pour mes livres !
Je n’ai pas de rituel particulier. Uniquement la mauvaise habitude de boire beaucoup de coca zéro pendant que j’écris.
J’écris dans mon bureau qui malheureusement est ouvert sur le reste de la maison et donc assez bruyant ! J’évite donc d’écrire quand les enfants sont à la maison !
Je n’ai pas de journée « type ». J’écris quand je suis tranquille et que l’inspiration me vient. Une fois que je suis lancée, j’ai beaucoup de mal à m’arrêter !
J’ai écrit mon premier livre, La parole du chacal, en 2017 et il a été publié en 2018. Mon second roman, Ineffaçables, sera édité, quant à lui, en octobre 2019.
Non, rien du tout !
Le premier a été écrit assez rapidement puisqu’il faisait l’objet d’un concours en partenariat avec le magazine VSD. Les participants avaient un peu moins de 4 mois pour boucler leur projet de manuscrit. Le rythme était donc extrêmement soutenu et les nuits très courtes. L’expérience a été très enrichissante mais aussi éprouvante. Du coup, j’ai pris beaucoup plus mon temps pour Ineffaçables et j’ai mis 10 mois à l’écrire.
Clarence Pitz est mon vrai nom.
Toujours d’un lieu. Je dirais que pour moi, il est d’abord un lieu puis une intrigue. Je repère un endroit, j’imagine une scène et en découle tout un scénario. L’atmosphère est donc très importante dans mes romans. Les lieux sont un personnage à part entière.
Je m’attache à mes personnages au point d’être triste de les quitter lorsque je tape le mot « fin » ! Il faut dire qu’en phase d’écriture, je me lève avec eux, je déjeune avec eux et je m’endors en pensant à eux… Je ressens un grand vide quand je boucle un manuscrit.
Mes personnages vivent leur propre vie, ont leur voix propre, leur caractère et l’histoire évolue en fonction de leurs réactions. Je me mets à leur place et j’imagine ce qu’ils feraient ou diraient dans telle ou telle situation.
On s’inspire toujours de son entourage ! Mais jamais complètement. C’est important que les personnages soient des êtres uniques et non des copies conformes. Je pioche à gauche, à droite, et je rajoute une pointe d’imagination.
Auteur n’est pas mon métier principal et je n’en vis pas. Il est évident que lorsqu’on débute, il faut plutôt considérer cette activité comme une passion, même s’il s’agit d’une passion très chronophage qui mériterait d’être mieux rémunérée. Il faut aussi accepter d’être exposé et ouvert à la critique. Personnellement, je prends les choses comme elles viennent et avec beaucoup de philosophie. Tant que je prends du plaisir à écrire et à transmettre ma passion à mes lecteurs, j’ai tout gagné.
J’ai signé un premier contrat d’édition en 2018 pour La parole du chacal et un second, chez un autre éditeur, pour Ineffaçables.
Cela n’a pas été difficile pour moi de trouver un éditeur ni d’en trouver un second. Je n’ai pourtant pas envoyé mes manuscrits à beaucoup de maisons. Je suis ravie de la confiance qu’ils m’ont accordée.
Beaucoup… beaucoup de stress ! C’est un peu « panique à bord »… Et en même temps, c’est très exaltant !
Je ne l’ai pas trop, fort heureusement. Les rares fois où ça m’arrive, je m’impose un mot à insérer dans la première phrase. Je sais, ça peut paraître bizarre, mais ça fonctionne !
J’ai commencé à écrire dans le cadre de concours sur la plateforme en ligne Fyctia. J’ai participé à trois concours et trois finales, chaque fois dans la catégorie thriller. J’ai remporté un concours de nouvelles.
J’y ai rencontré des gens très sympas qui sont restés de vrais amis. C’est vraiment le plus de la plateforme. Par contre, même en cas de refus de publication de leur part, vous devez leur céder une partie de vos droits d’auteur, ce qui peut poser de gros problèmes pour être édité ailleurs. J’ai été dans le cas et je suis passée à côté d’un contrat en or. J’ai donc décidé de ne plus jamais poster quoi que ce soit sur la plateforme et d’écrire « dans mon coin », mais entourée de bêtas lecteurs de confiance.
Ma maman est ma première correctrice et elle aime beaucoup ce que j’écris parce que, fatalement, elle est tout à fait objective ! Sinon, les avis ont été près positifs à la sortie de La parole du chacal aussi bien auprès de mes connaissances que de parfaits inconnus. En général, mes proches ont trouvé le récit très passionnant, bien construit, instructif, mais aussi très dur et cruel.
Certains sont très positifs et m’encouragent dans cette aventure alors que d’autres ne comprennent pas le boulot et l’implication que ça représente. Écrire, lorsqu’on est édité, devient presque un deuxième emploi. Comme je l’ai dit plus haut, il s’agit d’un « passe-temps » très chronophage…
J’écris des thrillers, mais derrière le suspense se cachent toujours des thèmes sociétaux que je laisse découvrir aux lecteurs. Par exemple, dans La parole du chacal, j’aborde le thème de la rencontre et de la peur de l’Autre, l’inconnu, celui qui ne vit pas et ne pense pas comme nous. Par contre, il n’y a pas de forcing moralisateur. Je titille, j’apporte des pistes de réflexion, mais je n’impose aucune idéologie.
J’écris des thrillers atmosphériques où le lieu et la culture tiennent toujours une place importante. J’aime jouer avec mes lecteurs, les balader là où ils ne s’y attendent pas et les surprendre par un twist final et des révélations inattendues.
« La parole du chacal » est un ethno-thriller qui se passe chez les Dogons du Mali, en plein milieu de la savane, dans une région très particulière, faite d’une plaine immense bordée d’une falaise gigantesque. L’intrigue repose sur les us et coutumes des Dogons.
« Ineffaçables » est un polar qui se passe dans les quartiers sensibles de Bruxelles et dans le milieu du Street art, juste après les attentats du 22 mars. J’y aborde une réflexion sur le statut de l’art et la liberté d’expression, le tout sous fond de crimes sordides et d’enquête pimentée par la situation difficile de cette période sombre de l’histoire de Bruxelles.
Extrait de La parole du chacal.
« Claire ne répond pas et se contente de prendre un air peiné. Comment ne pas s’endurcir après de tels événements ? Rien que le fait de vivre en pleine brousse, dans une chaleur étouffante, au milieu des moustiques et sans confort aucun, suffirait à aigrir les tempéraments les plus souples. Ajoutons à cela un accident, un mort, un blessé grave et un village fantôme, et le cocktail sera détonant. La jeune femme en vient à se demander comment elle tient le coup. Surtout, qu’elle, elle sait. Elle a vu ce qui passait à travers les roches des Tellems. L’ombre, l’apparition fugace, cette sorte de visage blanc, sans doute masqué, peut-être pas. Une image qui n’est pas nette, mais qui lui a laissé un sentiment dérangeant qu’elle aimerait pouvoir chasser comme on repousse une vulgaire araignée. Surtout qu’ils risquent d’être coincés dans ce village pour un bon moment. Cette idée l’inquiète et l’effraye. »
La parole du chacal est un one shot. Ineffaçables, par contre, devrait donner suite à une série autour de la même équipe de flics.
Certaines scènes de La parole du chacal m’ont été inspirées directement d’un voyage que j’ai eu la chance de faire là-bas, en pays dogon. Je pense à une des premières scènes du livre dans laquelle un véhicule coule dans un marigot. Sinon, une lectrice a reçu un appel étrange du Mali en pleine lecture de mon livre. Elle a pas mal flippé !
Point de vue lecture, j’aime les univers sombres et glauques, mais il faut que l’histoire soit surprenante et bien construite. Le gore pour le gore a peu d’intérêt pour moi. Une scène violente a plus d’impact si elle s’inscrit dans un scénario cohérent et intelligent. Mes références sont Pierre Lemaître, Patrick Sénécal , Maxime Chattam ou encore Mo Hayder.
Pour la parole du chacal, je me suis inspirée de deux livres : les ruines de Scott Smith qui décrit l’histoire d’une bande de jeunes touristes qui se retrouvent en haut d’une colline dans un village étrange en plein milieu du Mexique. Pour le second, il s’agit aussi d’un huis clos à ciel ouvert : Piège nuptial de Douglas Kennedy. Dans les deux cas, comme dans mon roman, c’est la nature qui sert de prison.
Aucune ! J’ai écrit chaque livre différemment, mais je les aime pareil. C’est comme me demander lequel de mes enfants je préfère : impossible de répondre ! J’ai juste une relation différente avec chacun, car ils ont leur propre personnalité.
Oui, bien sûr, si elle est constructive et respectueuse du travail de l’auteur. Je débute donc, tout conseil est bon à prendre.
Il faut en tenir compte, bien sûr, mais il ne faut pas non plus chercher à plaire à tout le monde, c’est impossible. Par exemple, certains trouveront mes écrits trop sombres tandis que d’autres préfèreront lire quelque chose d’encore plus glauque. J’essaye donc de continuer à faire ce qui me correspond sans me forcer à écrire ce que je n’aimerais pas lire. Jusqu’ici, ma recette fonctionne plutôt bien, donc je continue sur cette lancée…
Oui, Ineffaçables sortira en octobre aux éditions Nouvelle Bibliothèque. Le manuscrit est terminé depuis un bon moment et je le peaufine jusqu’à sa sortie. Il s’agira de l’enquête menée par trois flics dans les quartiers du vieux Bruxelles et de Molenbeek. Je me suis inspirée des fameuses fresques clandestines géantes qui sont apparues sur les murs de la capitale juste après les attentats du 22 mars. C’est dans cette ambiance pesante, teintée de suspicion et de communautarisme que j’ai choisi de poser mon intrigue.
En attendant, La parole du chacal est déjà disponible. Il s’agit de l’histoire de Claire qui emmène son fils au Mali, à la rencontre du peuple dogon. Tous les deux se joignent à un groupe de touristes, guidés par Armand, anthropologie charismatique, mais bien mystérieuse. Suite à un accident, le groupe échoue dans un village isolé de tout et qui n’est pas repris sur les cartes. Un véritable tombeau à ciel ouvert dont il est impossible s’échapper et où, chaque matin, des objets étranges sont retrouvés près du petit garçon.
– Euh… vu ce que j’écris, non !!! Jamais de la vie !
Nous vous remercions pour cette Interview.
Celle-ci, fût pour nous un réel plaisir, que de vous parlez sur Facebook, d’apprendre grâce à votre interview un peu de choses sur vous & votre univers.
Nous espérons que vous, ami(e)s lecteurs : Découvrirez, ou redécouvrirez cet auteur.
–> Merci beaucoup à vous. Bisous cordiaux de notre part.